“Fais-le bien, et laisse dire” (proverbe suisse) – Partie 1: Chapitres 9 à 12

C’est l’été ! Si tu as l’occasion de prendre des vacances, tu auras sûrement l’occasion de lire.

Durant l’été, je publie chaque semaine 4 chapitres de mon autobiographie “Fais-le bien, et laisse dire”, qui est sortie en avril 2020 aux Éditions Tabou.

Plonge dans l’univers captivant de mon livre “Fais-le bien, et laisse dire”:

Quand un journaliste a déclenché l’avalanche médiatique autour de ma personne en août 2014, j’ai vécu des moments très difficile. Il a amené ma vie secrète sur la place publique, alors qu’elle n’était destinée qu’à un public averti.

Pour protéger mon fils, ma famille, mes proches, j’ai décidé de faire l’autruche et de ne répondre à aucune demande d’interview pour raconter ma version des faits. C’était la seule et meilleure solution pour continuer de vivre. En même temps j’étais malheureuse durant ces années, car j’aurais eu envie de répondre à toutes ces personnes qui m’ont jugé sans me connaître et surtout défendre ma liberté d’être moi-même.

Aujourd’hui mon fils est adulte et mène sa propre vie. Cette histoire n’a plus le même impact sur lui. J’ai donc décidé d’enfin être libre et de raconter toute la vérité sur ma vie.

La première partie du livre raconte comment j’ai vécu l’histoire déclenchée par mon tweet sexy depuis ma place de travail, comment j’ai géré la situation et comment je m’en suis sortie.

La deuxième partie raconte ma vie de libertine que je mène depuis que j’ai vingt ans. J’ai déjà eu des retours des premiers lecteurs, notamment de lectrices, que certaines scènes de mes aventures que je raconte seraient trop dures, voir choquantes.

Je suis consciente que mes pratiques ne sont pas communes et peuvent interpeller. Est-ce que j’aurais dû écrire une version soft et/ou zapper certains passages ? Peut-être. Mais en même temps, cela aurait faussé mon histoire. Cela fait partie de ma personne, de ma nature. D’un côté, je suis cette employée sage, une maman poule, une femme joyeuse qui adore rire et qui ne se prend pas au sérieux, mais cela ne m’empêche pas d’avoir des fantasmes très hard et des envies qui virent dans le masochisme. J’avais justement envie de montrer ces côtés de moi et démontrer qu’être une maman douce et aimante n’empêche pas de vivre ses fantasmes sexuels. Le BDSM n’est pas uniquement réservé à des personnages d’un cercle fermé « underground».

Pour moi, défendre le droit des femmes, c’est aussi ça. Encore trop de gens ont tendance à penser que « ça ne se fait pas en tant que mère de famille ». Est-ce que les femmes perdent le droit de vivre une vie sexuelle hors norme dès le mariage ou l’accouchement ? Non, je ne le crois pas.

 – PARTIE 1 –

LA SECRÉTAIRE PORNO DU PALAIS FÉDÉRAL

Chapitre 9: Plans futurs

Avec Vincent, nous discutons de la possibilité de quitter la Suisse et d’acheter une maison en France, de tout laisser derrière nous. Depuis des années nous fréquentons le Cap d’Agde. Et si maintenant on déménageait et on achetait une maison pour nous y installer définitivement ? Nous contactons un agent immobilier et nous nous renseignons concernant une école pour notre fils. Je réfléchis même à une solution pour mon cheval. En déménageant, on pourrait continuer de faire ce que l’on aime et j’ai déjà l’idée d’écrire mon histoire. Comme nous avons également plein de contacts dans le sud de la France, on trouvera certainement rapidement du travail.

Ce n’est qu’une idée qui finalement ne va pas plus loin. Partir nous semble comme une fuite et nous avons l’impression que nous devons faire face à la situation et continuer d’avancer la tête basse. Nous avons surtout peur de compromettre l’avenir de notre fils, qui envisage d’entrer au gymnase l’année prochaine. Pour ma part j’ai peur de la réaction de ma famille. Partir est également une façon d’avouer une certaine faute ou de crier à haute voix que : « Oui, c’était moi la secrétaire porno du  Palais fédéral, et comme j’ai tout perdu je quitte la Suisse ». Je ne peux pas, Vincent non plus. Il s’est tellement battu pour sauver les apparences durant les dernières semaines qu’il aurait du mal à quitter son poste. Nous ne sommes tout simplement pas prêts à tout laisser derrière nous. Par moments je me sens même forte et fière de ne pas abandonner ma maison et d’affronter les regards et mes proches.

Chapitre 10: Journaliste menteur et manipulateur

Quelques jours plus tard, nous revoyons un ami libertin de longue date. Ça fait du bien de pouvoir discuter librement de notre situation. De ne pas pouvoir se confier à notre entourage est assez lourd à porter, et de nous ouvrir pour une fois cœur et âme à quelqu’un nous libère Vincent et moi de pas mal de poids, même si dès le début de cette histoire nous trouvons la force, entre nous, de rire de cette affaire. Nous sommes extrêmement positifs dans la vie et avons toujours possédé un humour incassable, un côté ironique et une passion pour l’humour noir. Cela nous aide à pouvoir en rire et à voir dès la première minute le côté comique de l’affaire, malgré tous les moments pesants ainsi que les larmes entre deux fous rires.

 Notre ami nous raconte ce qu’il a lu dans la Weltwoche, un journal suisse alémanique hebdomadaire. Il paraît qu’à la base, le journaliste de la NZZ, celui qui a publié en premier l’article sur mes selfies sexy, voulait écrire un article sur le « revenge porn », des sites qui permettent à des personnes malfaisantes de rendre publiques des photos intimes de leurs victimes. Les explications de notre ami me procurent des sueurs froides dans le dos. Je viens de comprendre comment toute l’histoire a démarré. Je suis abasourdie et je reconnais mon erreur, que je n’ai jamais eu le courage de raconter à Vincent, ni à personne. Tellement je me sens bête et coupable.

Environ deux ans avant toute l’affaire, je fus moi-même victime de revenge porn. Une personne, je ne saurai jamais qui et pourquoi, a publié des photos très intimes volées sur mon site, ainsi que mon nom de famille, mon adresse, mon numéro de téléphone et mon mail privé, mais pas seulement. Dans le passé, j’ai donné des cours de voltige équestre et d’équitation. J’ai eu pour ces activités un petit site Internet. La personne malintentionnée s’est servie des images de concours de voltige avec mes élèves et les a rendues publiques également sur la même page, directement sous les photos coquines. Tout en signalant, en anglais, que je donne des cours de voltige à des enfants le jour, et que la nuit je suis une grosse pute et salope. En tapant mon nom de famille dans Google, on tombait directement sur le site, qui en plus était répandu sur d’autres pages. Il n’y avait alors pas moins de trois à quatre liens qui menaient à des pages salissant ma personne privée.

Un internaute, qui suivait mes aventures, est tombé dessus par hasard et m’a avertie tout de suite. Quelle chance et quelle attention. En découvrant la page j’en étais malade et dégoûtée. Qui a pu avoir envie de me faire ça ? Je n’ai jamais fait de mal à quelqu’un. L’administrateur du site de revenge porn était basé aux États-Unis et n’était bien sûr pas atteignable. Il n’y avait aucune chance de pouvoir contacter quelqu’un. Cette activité est complètement illégale.

Google propose heureusement dans ce cas d’abus un formulaire pour demander de couper le lien entre la recherche et les sites qui apparaissent. Les sites ne sont pas supprimés, mais ils n’apparaissent plus sur le moteur de recherche Google. À la suite de ma demande, ça a duré de nombreuses et longues semaines jusqu’à ce que tous les liens soient coupés. J’ai dû envoyer certainement une vingtaine de fois le formulaire, dans toutes les langues proposées. J’ai également écrit au service juridique de Google, dont j’ai seulement obtenu la réponse qu’ils ne peuvent rien faire, qu’il faut juste remplir et envoyer la demande. Cet incident m’a fait supprimer une première fois par précaution, mon site, mes comptes Facebook et mon compte Twitter. C’était tout au début de mon engagement pour les Services du Parlement et j’ai déjà eu très peur à cette époque que quelqu’un puisse se renseigner sur ma personne privée sur Google. En attendant que Google réagisse, je suis allée travailler tous les jours avec une certaine peur au ventre. J’ai évité les regards et me suis rendue invisible.

Une fois les liens coupés, j’étais soulagée qu’il n’y ait pas eu plus de conséquences. J’ai revécu et j’ai à nouveau osé regarder autour de moi. Vincent et moi avons réfléchi sérieusement au fait de ne plus mettre en ligne de site et de comptes de médias sociaux. C’était peut-être quand même trop risqué ? Mais après quelques semaines, cela nous a manqué, ou plutôt m’a surtout manqué. Est-ce que l’on voulait vraiment tout arrêter à cause d’une personne malintentionnée ? Ce n’est pas elle qui a finalement gagné et obtenu ce qu’elle voulait ? On a tourné la question dans tous les sens. C’était notre passion après tout. Mon activité m’a toujours rendue tellement fière et heureuse. Et si on ouvrait tout ça sous un autre nom ? Finalement, nous étions d’accord de refaire un site et de rouvrir des comptes Facebook et Twitter, mais sous un autre pseudo. En fait, j’en avais toujours utilisé deux, Adeline et Lafouine. Nous avons misé alors plutôt sur Lafouine que sur Adeline. J’ai tout recommencé à zéro. Il ne m’a fallu que quelques mois pour retrouver mes nombreux followers et fans. Il faut dire que je n’ai jamais aimé cette expression, puisque je ne me considérais jamais comme quelqu’un qui pourrait avoir des fans. Pour moi, ce sont juste des gens qui aiment me suivre, me lire et regarder mes aventures.

Au début de l’été 2014, avant toute l’affaire, je reçois sur mon poste de travail un appel téléphonique d’un journaliste de la NZZ. Il m’explique qu’il écrit un article sur le revenge porn, et qu’il est tombé sur mon profil sur un site similaire. Est-ce qu’il s’agit bien de moi ? Je ne vois pas l’intérêt de lui mentir, vu qu’il m’a déjà trouvée.

— Est-ce que ça vous dérange que j’écrive un article sur ce genre de harcèlement ? L’article sera écrit d’une façon générale, et bien évidemment sans citer de noms.

Je trouve cette idée extraordinaire. Enfin quelqu’un qui s’en occupe. En publiant cet article, le site sera peut-être obligé de fermer. Ça serait vraiment une bonne chose pour moi et pour toutes les autres victimes. J’ai enfin l’espoir d’en finir définitivement avec cette histoire et éliminer le risque que les liens se rouvrent un jour.

Une fois le téléphone raccroché, ma vie continue et à aucun moment je ne me pose la question de savoir si j’ai fait une erreur. Certes, c’est probablement une réaction très fleur bleue, mais jamais je n’aurais imaginé de mauvaises intentions chez mon interlocuteur. Je l’ai cru aveuglément car c’était tout à fait logique pour moi que quelqu’un puisse avoir un intérêt à écrire un article sur le sujet du revenge porn. Pas sur ma personne, madame C., car je n’ai aucune importance dans la politique suisse ou pour le grand public. Cette idée ne m’a pas effleurée une seule seconde. J’ai donc complètement oublié ce bref entretien et je n’ai pas fait tout de suite le lien par rapport au scandale du selfie.

Le journaliste de la NZZ m’a menti sans scrupule. Il m’a menti de A à Z, m’a trahie, m’a trompée et certaine ment sans remords. Était-il conscient de ce qu’il allait provoquer avec son article ? Est-ce qu’il a toujours eu l’intention d’écrire sur ma personne, et non sur le revenge porn ? Pourquoi avoir changé d’idée ? Ou est-ce que ce coup de fil bidon n’était pour lui que la confirmation que j’existais réellement et que je travaillais bien aux Services du Parlement ? C’est lui que j’aurais dû accuser. C’est contre lui que j’aurais dû prendre des mesures juridiques, car il m’a presque fait sauter d’une tour. Mais cela m’aurait coûté quoi, d’autant plus que le journal NZZ a d’autres moyens financiers que les miens et certainement leurs propres avocats. Ils ont l’expérience de devoir se justifier et les moyens financiers qui vont avec. Ça aurait été la parole du journaliste contre la mienne. Tout ce que je risquais, c’était de refaire parler de l’affaire et de refaire parler de moi. Je voyais déjà les gros titres devant moi : « La secrétaire porno du Palais fédéral attaque la NZZ ». J’ai donc laissé tomber cette idée.

Même si avec Vincent on parle de tout et de rien, et que l’on ne se cache rien, je ne trouve pas le courage de lui en parler. J’ai trop honte quand je réalise que c’est à cause de mon insouciance et de ma confiance aveugle ou naïve envers tout le monde qu’il doit vivre cet enfer, ce calvaire, et qu’il risque de perdre son job. Vincent a toujours été beaucoup plus prudent que moi concernant ce sujet. Il a raison sur toute la ligne et ne mérite pas cela. Pendant toute cette période il ne me lâche jamais, me soutient toujours, m’encourage et me donne un coup de pied dans le cul quand il le faut. Sans lui je me serais écrasée.

Chapitre 11: Recherche d’un nouveau travail

Fin octobre, je décide de commencer la recherche d’un nouveau travail. Il faut absolument que je retrouve un rythme régulier, un cadre, pour ne pas craquer complètement. Pour moi, mais aussi pour mon fils et mon entourage. J’y vois une solution pour me reconstruire et pour retrouver une vie normale. Vincent me le déconseille car il trouve ça prématuré et préfère que j’attende encore. Mais pour moi c’est essentiel. Je ne peux plus rester les bras croisés à la maison et réfléchir sur mon sort. C’est trop lourd à supporter.

En préparant mon dossier, je décide d’omettre dans mon curriculum vitae mon emploi aux Services du Parlement. Je décris cette période comme une « pause familiale », un fait tout à fait crédible en Suisse, où beaucoup de mères de famille ne travaillent pas régulièrement. Entre-temps, j’ai reçu mon certificat de travail de la part des Services du Parlement, qui est excellent. Ils reconnaissent que l’affaire n’a rien à voir avec mes compétences professionnelles. Mais j’ai trop peur que les employeurs fassent le lien entre mon départ des Services du Parlement et l’histoire des journaux, qui collent parfaitement temporellement.

Avec mon curriculum vitae, sinon impeccable, et mes excellents certificats de travail, je décroche très rapidement les premiers entretiens d’embauche et je les passe avec succès. Je suis motivée à bloc. Je suis retenue à plusieurs reprises pour un second entretien et en très peu de temps j’ai le choix entre trois postes dans une entreprise privée, une association d’aide aux enfants et une administration fédérale.

Malgré les craintes de Vincent, qui me déconseille vivement de faire ce pas, je choisis à nouveau l’administration fédérale. Je sais au fond de moi que je devrais l’écouter une nouvelle fois mais je suis trop fière d’avoir été choisie pour ce poste et c’est tellement important pour moi de refaire ma vie professionnelle. À la maison je tourne en rond et je n’en peux plus. Il faut que je retrouve un sens dans ma vie, une vraie raison de me lever tous les jours et pour pouvoir arrêter de faire semblant devant mon fils. Je reçois la réponse un soir vers 18 heures quand Vincent et moi sommes à l’apéro dans un bar de Berne. Nous fêtons directement cette bonne nouvelle et je me vois déjà reprendre ma vie en mains, foncer vers le futur. Enfin tout sera à nouveau normal.

Quelques jours plus tard, alors que j’ai déjà reçu tous les documents de la part de l’administration fédérale, comme la fiche personnelle et d’autres informations usuelles pour les nouveaux collaborateurs, mon futur supérieur m’appelle. Il est confus. Comme ancienne employée de la Confédération, j’ai déjà un dossier personnel auprès du service central, sur lequel le service du personnel de cette administration est tombé en voulant m’ouvrir un dossier. Je n’y avais pas pensé. Quelle conne. Mon ex-futur chef de service a donc appelé les Services du Parlement pour se renseigner et a tout appris.

— Si encore vous aviez été honnête, on aurait pu en discuter, mais sur la base d’un mensonge, il n’est pas possible de vous engager, dit-il avant d’annuler le contrat par téléphone.

Il est très correct, un peu désemparé, et moi je fonds en larmes. Tout ce que je voulais, c’est que l’on m’offre une seconde chance. Il n’y a rien à faire. Je suis dévastée même si je comprends parfaitement ses raisons. Je suis désespérée. Vincent me répond juste qu’il m’avait avertie et que ça serait mieux de ne plus postuler auprès de la Confédération à l’avenir.

Ce n’est pas le pire, car je découvre qu’en tapant mon nom de famille dans Google, je figure à nouveau sur les sites de revenge porn. Cette fois-ci sans photos de mes cours de voltige, mais avec plein de photos coquines et pornographiques, joliment accessibles à quiconque me cherche sur Internet. Je n’en reviens pas. Est-ce que ce cauchemar ne s’arrêtera jamais ? Com ment ais-je mérité ça? Qui s’amuse à faire ça, en ne me connaissant certainement même pas. Bien sûr qu’avec cette situation il m’est complètement impossible d’en voyer ma candidature à des employeurs. Par expérience la première chose que fait un recruteur, c’est de se renseigner sur Internet sur le ou la candidat(e).

Une fois de plus, c’est Vincent qui a l’idée pour sauver la situation. Comme nous sommes mariés, j’ai la possibilité de reprendre mon nom de jeune fille. Ce n’est ni long ni compliqué comme démarche, et en quelques jours je reprends mon nom de jeune fille, tout en restant mariée à Vincent. Je dois juste changer tous mes documents officiels. Ce nom est absolument vierge, et en étant mariée depuis longtemps, aucune information concernant mon nom de jeune fille ne circule sur Internet. Malgré tous les avantages de cette mesure, cela me brise le cœur de ne plus porter le même nom que ma petite famille, et vis-à-vis de mon entourage je ne le dis pas. De toute façon dans une famille on ne contrôle pas les cartes d’identité ou les cartes bancaires, mais cela augmente encore le poids des secrets ou des non-dits autour de mon histoire, ce qui n’est pas facile à vivre.

Je décide également de changer de look. Je veux plutôt opter pour un changement de couleur de cheveux, mais Vincent me conseille un changement plus radical et de couper mes cheveux. Il a sûrement raison. Je décide donc de l’écouter, cette fois-ci, et un samedi matin je prends rendez-vous chez le coiffeur. En me réveillant le matin du rendez-vous, je pleure car mes cheveux sont un sujet sacré pour moi. Par le passé, j’ai déjà eu les cheveux très courts, mais par suite d’une grande déception chez un coiffeur je n’y ai plus touché durant toutes ces années. Mes cheveux longs sont ma fierté. Je me sens belle et féminine ainsi. Ce matin je prends mon courage à deux mains en me disant que c’est pour la bonne cause. Sur la chaise du coiffeur, j’ai l’impression d’être chez le boucher, et non chez le coiffeur. Il me demande par deux fois si je suis sûre de vouloir me séparer de ma longue chevelure pour une coupe carrée courte. Je lui confirme que oui en faisant bonne mine. J’essaie même de me convaincre que le nouveau carré court ne m’ira pas si mal, mais au fond de moi je me sens déjà très moche.

Dans mon relooking complet j’achète également une nouvelle paire de lunettes, un modèle complètement différent de celui que je portais auparavant. La plupart du temps je porte des lentilles de contact, mais je décide d’opter pour des lunettes afin de faciliter ma recherche d’emploi.

Chapitre 12: Fêtes de fin d’année

La grande épreuve des soupers de Noël en famille se passe très bien. Heureusement personne n’aborde le sujet. Nous ne parlons pas de travail à table et tout le monde me complimente pour ma nouvelle coupe de cheveux ainsi que pour mes nouvelles lunettes. L’ambiance est très sympa comme chaque année. Qu’est-ce que je suis reconnaissante vis-à-vis de ma famille. Est-ce qu’ils en ont parlé derrière mon dos ? Peut-être. Je ne le saurai sûrement jamais mais je suis contente que ce thème n’ait pas été évoqué car ça aurait été délicat et honteux d’en discuter en famille.

Adeline Lafouine
administrator

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