“Fais-le bien, et laisse dire” (proverbe suisse) – Partie 1: Chapitres 17 à 20

C’est l’été ! Si tu as l’occasion de prendre des vacances, tu auras sûrement l’occasion de lire.

Durant l’été, je publie chaque semaine 4 chapitres de mon autobiographie “Fais-le bien, et laisse dire”, qui est sortie en avril 2020 aux Éditions Tabou.

Plonge dans l’univers captivant de mon livre “Fais-le bien, et laisse dire”:

Quand un journaliste a déclenché l’avalanche médiatique autour de ma personne en août 2014, j’ai vécu des moments très difficile. Il a amené ma vie secrète sur la place publique, alors qu’elle n’était destinée qu’à un public averti.

Pour protéger mon fils, ma famille, mes proches, j’ai décidé de faire l’autruche et de ne répondre à aucune demande d’interview pour raconter ma version des faits. C’était la seule et meilleure solution pour continuer de vivre. En même temps j’étais malheureuse durant ces années, car j’aurais eu envie de répondre à toutes ces personnes qui m’ont jugé sans me connaître et surtout défendre ma liberté d’être moi-même.

Aujourd’hui mon fils est adulte et mène sa propre vie. Cette histoire n’a plus le même impact sur lui. J’ai donc décidé d’enfin être libre et de raconter toute la vérité sur ma vie.

La première partie du livre raconte comment j’ai vécu l’histoire déclenchée par mon tweet sexy depuis ma place de travail, comment j’ai géré la situation et comment je m’en suis sortie.

La deuxième partie raconte ma vie de libertine que je mène depuis que j’ai vingt ans. J’ai déjà eu des retours des premiers lecteurs, notamment de lectrices, que certaines scènes de mes aventures que je raconte seraient trop dures, voir choquantes.

Je suis consciente que mes pratiques ne sont pas communes et peuvent interpeller. Est-ce que j’aurais dû écrire une version soft et/ou zapper certains passages ? Peut-être. Mais en même temps, cela aurait faussé mon histoire. Cela fait partie de ma personne, de ma nature. D’un côté, je suis cette employée sage, une maman poule, une femme joyeuse qui adore rire et qui ne se prend pas au sérieux, mais cela ne m’empêche pas d’avoir des fantasmes très hard et des envies qui virent dans le masochisme. J’avais justement envie de montrer ces côtés de moi et démontrer qu’être une maman douce et aimante n’empêche pas de vivre ses fantasmes sexuels. Le BDSM n’est pas uniquement réservé à des personnages d’un cercle fermé « underground».

Pour moi, défendre le droit des femmes, c’est aussi ça. Encore trop de gens ont tendance à penser que « ça ne se fait pas en tant que mère de famille ». Est-ce que les femmes perdent le droit de vivre une vie sexuelle hors norme dès le mariage ou l’accouchement ? Non, je ne le crois pas.

 – PARTIE 1 –

LA SECRÉTAIRE PORNO DU PALAIS FÉDÉRAL

Chapitre 17: Aventures libertines après la tempête médiatique

Avec Vincent, nous continuons de vivre nos aventures libertines mais j’ai beaucoup de peine. Sans caméra, sans blog, ces rencontres me semblent devenues sans intérêt et j’ai peur que pour mes partenaires de jeux, les rencontres sans caméra n’aient plus le même intérêt non plus. Ceux-ci ont recherché par le passé également une rencontre filmée qui pimente leur vie. Ce sont des hommes célibataires, mariés, veufs, de tous niveaux sociaux, qui me contactaient pour me rencontrer et avoir leur vidéo, bien sûr sans leur visage.

 

Vincent et moi avons toujours eu une vie sexuelle libertine dès que nous nous sommes mis en couple. J’avais vingt ans, lui vingt-huit. La caméra, mon blog et mes publications en vidéos ou en photos sont arrivés beaucoup plus tard, quand j’ai eu trente-deux ans. Pendant cinq ans, c’est devenu une évidence, un mode de vie, une partie de moi, de nous. C’était pour moi une identification, une sorte de drogue peut-être, comme des bouffées d’adrénaline. J’ai pris du plaisir à raconter mes aventures sur Internet. Je montrais mes tenues sur Twitter, avant les rencontres, en demandant l’avis des internautes. Je décrivais ensuite la rencontre dans mon blog, Vincent montait les vidéos, que je mettais sur mon site et sur celui de Jacquie et Michel, une plateforme de vidéos amateur. De recevoir des réactions, des commentaires ou des compliments à la suite de mes publications me faisait du bien.

 

Je n’ai jamais eu une énorme confiance en moi. Je ne me suis jamais trouvée très belle. Je me vois plutôt comme une fille moyenne et sans intérêt. Recevoir des compliments par les internautes était pour moi une grande satisfaction. D’autant plus que ces compliments ne provenaient pas seulement d’hommes. Mes vidéos étaient très différentes de la pornographie courante et beaucoup de femmes les regardaient et les aimaient. Je recevais énormément de messages de femmes qui m’avouaient avoir osé réaliser leurs fantasmes grâce à moi, qui ont découvert leur sexualité autrement. Beaucoup de femmes me demandaient également des conseils concernant certaines pratiques sexuelles. Elles aimaient lire mon blog, dans lequel je racontais aussi ma vie de mère de famille ou d’employée modèle, les petites histoires de mon chat ou de mon cheval. Je ne me suis jamais prise trop au sérieux et mes vidéos étaient remplies d’autodérision et de fous rires.

 

Je voulais juste montrer mes rencontres telles qu’elles étaient. Avec des partenaires normaux, qui ont partagé mon envie de sexe hard, voire très hard, mais toujours avec une bonne dose d’humour avant et après la rencontre. Je crois d’ailleurs que mes vidéos étaient plus suivies pour leur introduction ou pour l’interview finale. J’avais le don de rendre des pratiques extrêmes comme le fist ou l’uro presque glamours et marrantes, mais jamais vulgaires. Vincent était toujours présent, toujours derrière la caméra. Nous formions, nous formons toujours d’ailleurs, un couple uni et très complice, et nos aventures nous ont permis de faire des rencontres intéressantes, de personnes que nous n’aurions jamais rencontrées.

 

Nous avons mis un pied dans le monde de la pornographie tout en restant des libertins, et surtout des libertins amateurs. Nous n’avons jamais voulu toucher un centime pour ce que nous aimons faire. Nous avons toujours refusé des cachets ou de vendre notre image parce que nous voulions rester libres, et tout ce que l’on a fait, nous l’avons fait pour notre plaisir et par envie. Vincent n’a jamais montré le visage de nos partenaires, et nous avons su rester discrets, ce qui nous a donné le respect et la confiance de toutes ces personnes qui ne se montreraient jamais dans une production pornographique et qui ont une vie privée et professionnelle à protéger. Il y a eu des hommes politiques et des célébrités qui voulaient tourner avec nous et nous faisaient confiance à 200 %. Sur notre ordinateur, nous possédons toutes les images avec le visage de chaque personne filmée. Je pense qu’au moment où mon affaire est parue dans les médias, il y a plus d’une personne connue du grand public en Suisse, en France ou en Allemagne qui a eu peur que nous puissions dévoiler certains secrets. Jamais nous n’avons trahi cette confiance.

 

Devoir me retirer de ce monde merveilleux, devoir disparaître du jour au lendemain sans avoir l’occasion de donner de mes nouvelles et m’expliquer me fait mal. J’en souffre extrêmement. Je me sens comme orpheline de quelque chose. Il y a des jours durant lesquels je me sens comme à mon propre enterrement. Je souffre de ne plus avoir un moyen de m’exprimer et de juste parler aux personnes qui me suivaient, et qui étaient pour moi comme une grande famille. Certaines personnes m’écrivaient régulièrement, m’offraient des poésies, des dessins et étaient vraiment très gentilles et très attentives. Je ne me suis jamais fait traiter de grosse salope ou de pute comme les commentaires dans les médias l’ont fait. Eux me respectaient car ils avaient choisi de me suivre quotidiennement.

 

Je me sens coupable aujourd’hui d’avoir disparu comme ça, du jour au lendemain, sans nouvelles. J’ai bien essayé de tourner la page et je me dis qu’avant, sans caméra, les rencontres étaient bien aussi. Mais j’ai surtout l’impression de décevoir les gens et que sans leur propre petite vidéo ils n’ont pas forcément le même intérêt de me rencontrer. J’essaye de refaire des rendez-vous, mais ce n’est plus la même chose. Quelque chose est cassé.

 

Juste après l’affaire, Vincent et moi réfléchissons à revenir sur Internet, une fois que la tempête médiatique serait calmée mais plus on observe la presse à sensation plus on réalise que ce ne sera plus possible. Quand la presse manque de sujets vraiment intéressants, il y a souvent des articles du genre : « Qu’est-il ou qu’est-elle devenu(e) ? » ou « Un an après, qu’est-ce qu’il fait aujourd’hui ? ». Un jour, je lis même qu’une professeure s’est fait virer à cause de photos érotiques qu’elle avait faites dix ans auparavant, dix ans ! Et il ne s’agissait que de photos érotiques, pas de pornographie.

 

Nous sommes sûrs que si on bouge le moindre petit doigt, un journaliste pourra trouver la trace de ma présence sur le net et écrire un nouvel article fallacieux. Je vois déjà les gros titres comme : « La secrétaire porno du Palais fédéral est de retour ». C’est probablement en partie paranoïaque, mais une nouvelle publication sur ma personne m’abattrait définitivement, d’autant plus que j’ai promis à mon nouvel employeur de ne plus faire parler de moi. Je me suis tellement battue pour sauver ma réputation afin de garder de bons rapports avec mon entourage. C’était très dur d’avancer, de faire face à la situation vis-à-vis de ma famille, de me battre pour que mon fils n’en souffre pas, donc il faut continuer à faire l’autruche, même si c’est énormément frustrant.

 

D’autant plus que Vincent reçoit toujours des demandes de journalistes sur son mail professionnel, qui demandent si je n’ai pas envie maintenant de raconter ma vérité et de donner enfin une interview. D’autres médias essayent de me contacter par l’adresse mail de mes anciennes activités coquines. Je l’ai gardée active afin d’éviter que quelqu’un puisse la reprendre et se faire passer pour moi.

 

C’est également le cas de notre compte sur le site libertin par lequel nous trouvons la plupart de nos rencontres. Après que Vincent a eu supprimé notre compte au moment de l’affaire, un de nos complices coquins a repris notre pseudo, payé l’abonnement pour un mois, nous a contactés et conseillés de le reprendre car sinon quelqu’un d’autre pourrait se faire passer pour nous. Quelle attention de sa part. Comme je l’ai déjà mentionné, nous étions et sommes toujours entourés de personnes en or. Nous reprenons donc ce compte sans publier d’images.

 

Après quelques mois, Vincent recommence quand même, discrètement, à publier quelques photos avec mon visage flouté. Dès cet instant nous recevons à nouveau des demandes d’interviews plus ou moins directes, et même sur ce site français de rencontres libertines, des demandes de la part de personnes originaires de suisse allemande qui veulent avoir de mes nouvelles. Est-ce que ce sont de vrais ou de faux libertins ? Vincent bloque systématiquement chaque compte de libertin suisse allemand qui veut entrer en contact et que nous ne connaissons pas.

 

Il est clair que tant que les gens sont curieux sur mon sort, il m’est impossible de revenir sur Internet. J’essaye de trouver un chemin, avec des vidéos dans lesquelles on ne voit absolument pas mon visage, par des clips glamours, comme on en a déjà fait par le passé, mais cela ne mène à rien. La liberté d’expression que j’ai toujours eue me manque.

Chapitre 18: Première idée de livre

J’écris une première version de mon livre en allemand. Mon histoire, ma vie, comment j’ai rencontré Vincent, comment et pourquoi on a commencé à faire des rencontres libertines, pourquoi nous avons commencé à publier des photos et des vidéos. C’est une façon de m’expliquer et d’analyser les «pourquoi » et les « comment », et peut-être une justification pour toutes les personnes qui ont découvert mon univers par la presse et m’ont trop vite jugée. Je ne le montre à personne. En plus j’ai de la peine à m’exprimer sur ce sujet en allemand. Le vocabulaire allemand pour raconter mes aventures et mes mésaventures me manque. Dès mes vingt ans, j’ai vécu mes histoires libertines uniquement en français, je n’ai fait l’amour qu’en français, et même le peu de gens avec qui j’ai parlé du scandale de l’été 2014 sont des personnes de langue maternelle française. C’est donc extrêmement bizarre de raconter tout ça en allemand. Mes récits écrits en allemand sonnent faux car la langue de ma vie secrète est et restera le français. Je ne montre à personne ces centaines de pages qui racontent ma vie, mais c’est également une thérapie de les avoir écrites.

Chapitre 19: Reconstruction

Petit à petit Vincent et moi réussissons à nous reconstruire. Nous nous habituons à notre petit traintrain quotidien, sans parcourir presque chaque weekend la France et la Romandie en quête de rencontres et de tournages, sans que je reste chaque soir devant mon ordinateur pour mettre à jour mon blog et nourrir mon site d’images, mais qu’est-ce que ça me manque. En même temps j’essaye de me dire que c’est très bien ainsi et que finalement il fallait sûrement que cela soit arrivé, avant que mon fils soit tombé sur mes vidéos ou d’autres images de moi, qui auraient pu provoquer une crise pire que celle-ci.

 

Nous remplaçons nos week-ends coquins à Lyon ou à Paris par des week-ends dans les montagnes, en profitant d’avoir le temps pour une autre passion commune, la marche. Je ne suis pas malheureuse, certainement pas. Vincent sait me surprendre et m’organise des petits week-ends ou des sorties par-ci par-là.

 

Entre-temps notre fils a rencontré une fille et vit sa première grande histoire d’amour. Cela nous procure plus de temps libre. Je me dis que la vie est quand même injuste, car maintenant que junior a grandi et qu’il passe tous ses week-ends avec son amoureuse, on n’aurait aucun problème à s’organiser pour partir en tournage. Cette pensée ne me lâche jamais. Je crois que je suis quotidiennement en deuil de mon site et de mon blog. Le pire est que je ne peux plus me permettre d’être présente sur Internet, même pas en tant que personne privée sous mon vrai nom. Jamais je ne pourrai plus me permettre de montrer mon visage ou mon nom sur Facebook, ni sur d’autres médias sociaux car j’ai trop peur de réveiller la meute de loups qui sommeille.

 

Ces derniers mois nous recommençons à faire des rencontres et je réapprends à me faire plaisir sans caméra. Je m’amuse en rencontrant de vieilles connaissances et complices à qui nous faisons aveuglément confiance. Je prends énormément de plaisir à remettre mes tenues sexy, à me faire belle, à me sentir désirée et surtout à prendre mon pied. Il faut dire qu’avec Vincent, nous n’avons jamais arrêté d’avoir une vie sexuelle très riche, et même à deux je ne manque jamais de désir ou de plaisir. Ces rencontres, c’est le petit plus, ce kick d’adrénaline que nous avons toujours apprécié et qui nourrit depuis toujours notre couple.

Chapitre 20: Alcool

Mon problème avec l’alcool ne s’est jamais vraiment réglé, même si pendant longtemps je ne voulais pas l’admettre. Certes, avec la reprise du travail j’ai arrêté de boire pendant la journée. Mais cette phase de ma vie m’a fait perdre complètement le contrôle sur la quantité de boissons alcooliques à table et en sortie. Je ne bois plus seule, mais quand j’en ai la possibilité je bois l’alcool comme de l’eau. Il m’arrive de finir saoule à un point que j’ai des trous de mémoire et la gueule de bois le lendemain. Je n’ai jamais connu ça auparavant.

 

Un matin de janvier, je me réveille tellement mal que je décide d’arrêter de boire. Sans difficulté, je ne prends plus une seule goutte d’alcool pendant quatre mois. Je me sens très bien jusqu’à ce jour d’avril, en vacances, où je pense que c’est dommage de ne pas partager au moins un bon verre de vin en amoureux. Il doit quand même être possible de boire avec modération. Je commence donc par un verre, puis un deuxième et mon addiction s’aggrave encore.

 

J’arrête encore deux fois pendant quelques jours ou quelques semaines, et les deux fois je recommence parce que quelqu’un me dit que c’est bien dommage. La phrase standard est toujours la même : « Allez, un petit verre au moins pour faire santé ». Je dois reconnaître que la vie sociale, avec tous les apéros et dîners, où l’on boit un petit verre par-ci, un petit verre par-là, est assez portée sur l’alcool, encore plus en Romandie et en France. Je recommence donc à chaque fois de boire en me disant que je dois tout simplement maîtriser la quantité. En vain. Il n’y a rien à faire. Pour moi c’est soit zéro soit toute la bouteille. Il m’est impossible de prendre juste un verre. Les digestifs, ce n’est pas un doigt mais une moitié de verre.

 

Début 2019, je prononce vis-à-vis de Vincent la première fois le mot de maladie concernant mon cas. Je l’ai longtemps nié, mais dès l’automne 2014, et suite à mon affaire, j’ai pris un chemin duquel je ne peux plus me sortir. Beaucoup de personnes ont tendance, dans la vie de tous les jours, à lier l’alcoolisme avec des personnes crades, qui commencent à boire le matin, qui sentent l’alcool, qui ont les traits marqués par cette maladie mais c’est faux. Dès que l’on ne contrôle plus sa consommation, c’est déjà trop tard. Je déteste profondément ce côté de moi. J’ai honte de moi et je me sens coupable vis-à-vis de Vincent. Je commence donc à ne plus boire quand on sort ou quand on accueille des gens, afin d’éviter des situations gênantes mais je n’ai pas encore vraiment réussi à m’en passer complètement. Je suis toujours en train de me battre pour ne pas dépasser les limites.

Adeline Lafouine
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3 Comments

  • Avatar
    Poli , 09/08/2023 @ 12h31

    Sur l’alcool,Renaud a dit un jour,1 verre c’est pas assé 12 verres c’est trop…mdr..et il a raison…je me souvient d’être parti d’un bel endroit de Corse sans contrôler la voiture..elle connaissait le chemin..🤣🤣
    Régis,Andréa,Oskar…

  • Avatar
    Kiki , 10/08/2023 @ 18h35

    I read your text, you are so good person.

    • Adeline Lafouine
      Adeline Lafouine , 12/08/2023 @ 19h46

      Thank you so much for taking the time to read me 😘😘

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