SOS Adeline: Depuis que je suis maman, je n’ai plus de libido
Avec mes 27 ans d’expérience dans la sexualité et le libertinage, je suis là pour t’aider à y voir plus clair — sans tabou, et toujours dans la discrétion.
Tu as une question ? Un doute ? Une envie d’en parler ? Écris-moi à ask@sosadeline.com. Je me ferai un plaisir de te répondre avec bienveillance, honnêteté… et un brin de piquant, comme toujours.
Tu n’es pas seule. Cette phrase, aussi simple soit-elle, peut parfois tout changer. Car oui, de très nombreuses femmes ressentent une chute, voire une disparition, de leur désir sexuel après une grossesse. Ce n’est pas un bug, ce n’est pas une anomalie, c’est juste une réalité complexe, mais totalement normale.
Le plus important, c’est de comprendre que ce n’est pas une faute, ni un manque d’amour, ni une défaillance. C’est un nouveau chapitre de ta vie, où ton corps, ton esprit et tes priorités ont changé, et c’est OK.
Aujourd’hui, je t’en parle sans tabou, avec bienveillance, et je te donne quelques pistes pour mieux comprendre (et peut-être réactiver) ta libido.
Le corps a changé. Grossesse, accouchement, allaitement,… Le corps se transforme, s’épuise, se répare. Entre douleurs, inconfort et fatigue persistante, il est difficile de se sentir ‘désirable’ ou même simplement disponible pour la sexualité. Ce n’est pas du rejet, c’est de la survie.
La charge mentale prend toute la place. Penser à tout, tout le temps: les repas, les couches, les rendez-vous médicaux, les lessives, le sommeil (ou son absence). Il ne reste plus beaucoup d’espace mental pour la sensualité, la séduction, ou même simplement pour soi. Le cerveau est saturé.
Le rôle maternel écrase parfois le rôle d’amante. On devient une maman avant d’être une femme, et cette bascule identitaire, aussi belle soit-elle, peut rendre floue notre sexualité d’avant. Est-ce que j’ai encore le droit d’avoir envie ? De penser à moi ? De ressentir du plaisir rien que pour moi ?
La place du partenaire a changé, et ça se ressent. Devenir parents bouleverse aussi la relation de couple. Certains partenaires deviennent plus tendres, d’autres plus distants. Il peut y avoir un décalage, l’un a envie, l’autre pas du tout. Ce déséquilibre crée de la pression, du stress, du repli. Parfois, ce qu’on ressent, c’est une attente passive (‘Tu me dis quand tu es prête‘), qui fait porter encore une charge mentale de plus. Parfois aussi, le regard de l’autre a changé. Il/elle te voit surtout comme la mère de l’enfant, plus comme une amante, et quand on ne se sent plus vue ou désirée, le désir s’éteint.
Les hormones bousculent tout. Ce n’est pas une excuse. C’est un fait. Les variations hormonales, après l’accouchement (et parfois pendant l’allaitement), peuvent réellement diminuer le désir, la lubrification, la sensibilité,… Parfois, c’est un mécanisme naturel pour aider le corps à se concentrer sur la survie et le soin du bébé.
Commencer par le non-sexuel. Se sentir sexy commence souvent bien loin du lit. Une pause pour soi, une promenade, une lecture, un bain seule avec de la musique douce,… Le désir a besoin d’un espace pour revenir. Sans obligation.
Se reconnecter à son corps autrement. Un massage, une huile qui sent bon, une crème qui te fait du bien,… Parfois, le simple fait de se toucher avec douceur peut réenclencher une forme de plaisir corporel. Pas forcément sexuel, mais sensuel, et ça compte.
Oser en parler avec son partenaire. Dire les choses, même maladroitement: ‘Je t’aime, mais mon corps n’y arrive pas pour l’instant‘. Cela peut éviter les malentendus, la culpabilité, les frustrations silencieuses. Parler, c’est aussi se réconcilier.
Distinguer fatigue et absence de désir profond. Parfois, ce n’est pas que tu n’as plus envie, c’est juste que tu es trop fatiguée pour t’en rendre compte. Un peu comme quand on n’a pas faim parce qu’on est stressée. Le désir reviendra peut-être, quand tu pourras respirer.
Ne pas chercher à ‘retrouver’ sa libido d’avant. Tu es une nouvelle femme, une nouvelle version de toi. Ta libido va peut-être changer aussi, et ce n’est pas un problème. C’est une évolution. Peut-être que ton désir se manifestera autrement, avec d’autres besoins, d’autres rythmes.
Parfois, même longtemps après l’arrivée d’un bébé, le désir ne revient pas, et c’est dur à vivre. Tu peux te sentir seule, anormale, ou même avoir peur que ton couple en souffre. Tu te poses mille questions: Est-ce que c’est fini ? Est-ce que je vais redevenir comme avant ? Est-ce que c’est moi le problème ?
Mais tu n’as pas à porter ça toute seule, et surtout ce n’est pas ta faute. Parler à quelqu’un peut vraiment aider. Un(e) sexologue, une thérapeute, une gynécologue à l’écoute,… Ce sont des personnes formées pour ça. Elles peuvent t’aider à comprendre ce qui bloque, à retrouver confiance en toi, à reparler de sexualité sans gêne, et à te reconnecter à ton corps en douceur. Parfois, quelques séances suffisent pour y voir plus clair, et si tu n’as pas envie d’un rendez-vous tout de suite, tu peux déjà:
Il n’y a pas d’urgence. Ton désir reviendra peut-être plus tard, autrement, et si ce n’est pas le cas tout de suite, tu as le droit d’aller à ton rythme.
Devenir mère bouleverse tout. Ton corps, ton rythme, tes émotions, ta place dans le couple, ta perception de toi. Il est normal que ta sexualité soit aussi en mouvement. Elle reviendra peut-être autrement, différemment, mais elle reviendra, à ton rythme, pas à celui des autres.
En attendant, donne-toi le droit de ne pas avoir envie et de ne pas te juger pour ça.
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