Je traverse les allées du village naturiste, la nuit encore tiède qui se colle à ma peau comme une caresse insistante. Le Melrose vibre déjà, la musique bat fort, et je me laisse entrainer par les basses. Je danse, je ris, je m’éclate. Mon corps ondule, mes hanches dessinent des cercles, ma robe glisse sur mes cuisses et se soulève à chaque pas. Autour de moi, des regards se posent, me détaillent, m’effleurent comme des mains invisibles. Je me laisse faire. J’aime cette offrande muette.
Un homme s’approche, colle son torse contre mon dos, ses mains se posent sur mes hanches. Un autre frôle mes bras, caresse mes épaules. Rien n’est dit, mais tout circule, la sueur, les parfums lourds, l’alcool, le désir. Je sens mes seins durcir sous le tissu, mes tétons se dresser sous l’étoffe fine, et mes cuisses vibrer au frottement des corps anonymes. Chaque sourire est une promesse, chaque contact une étincelle.
Je quitte la piste le souffle court, la nuque humide, encore traversée par ces frissons. Il est 2 heures du matin et je n’ai pas envie d’aller me coucher. Plus loin, les néons du Glamour clignotent. J’avance, irrésistiblement attirée.
À l’intérieur, la chaleur est moite, plus dense encore que celle du Melrose. Les parfums se superposent entre chairs échauffées, odeur de cigarettes froides, traces d’alcool. Je croise des visages connus, j’échange des sourires, des mots rapides. Ici, chaque “tu vas bien ?” est une caresse sociale, chaque rire un petit pacte de complicité. La lumière est parfaite, feutrée, presque trouble, qui ne dévoile jamais complètement mais qui excite par ce qu’elle laisse dans l’ombre. Je sens les frôlements, les regards. La nuit bat fort, et mon corps bat avec elle.
Je descends vers les coins câlins. À chaque marche, la musique s’éloigne, et le silence se fait plus lourd, plus intime. Dans une salle, deux femmes rient en s’embrassant, dans une autre, des silhouettes se cherchent à travers des parois trouées. Mais mon chemin est tracé, je veux aller dans la chambre noire. Là où l’on ne voit rien, où tout se devine, se touche, se goûte.
Le rideau se referme derrière moi, et tout bascule. Le noir est total, épais, dense. Je respire plus fort, juste pour entendre ma propre présence. À ma droite, un souffle. À ma gauche, un soupir. Plus loin, des soupirs, un froissement de vêtements, une banquette qui cède sous un poids.
Vincent s’assied. Je le rejoins, guidée par sa chaleur. Mes mains avancent dans le noir, retrouvent ce qu’elles connaissent. Je me penche, mes lèvres se posent sur le sexe de Vincent. Je goûte, je savoure, je donne un rythme. Son souffle se cale au mien, s’étire, s’épaissit. Nous n’avons pas besoin de parler.
Autour, les présences se rapprochent. Une main effleure ma hanche, hésite, puis s’installe. Elle glisse sur ma robe, descend, remonte, s’attarde sur ma taille. Je frissonne. Ma robe se soulève, l’air plus frais surprend mes cuisses. Je sens mes muscles profonds se tendre, se relâcher, par vagues. Je laisse faire. J’accepte cette main étrangère comme une offrande.
Devant moi, une autre chaleur. Je reconnais un parfum boisé, piqué de poivre doux. Des mains encadrent mes épaules, descendent à ma nuque. Elles guident, invitent, jamais n’imposent. J’incline la tête, j’accueille. Mes lèvres rencontrent un nouveau sexe, une texture différente. Le goût est inattendu doux, presque fruité. Je m’enivre.
Derrière, la première main poursuit son exploration. Elle suit mes courbes, longe mes cuisses, s’attarde, ose davantage. Mes jambes s’ouvrent sans que j’aie à y penser. Mon corps se livre. Mon ventre bat, un pouls intime s’éveille. Je sais que je suis prête.
Alors le ballet commence. Devant moi, je suce 2 ou 3 mecs, en plus de Vincent. Derrière moi le premier inconnu me pénètre la chatte. Sa queue est longue, épaisse, presque trop grande pour ma chatte, mais c’est tellement excitant car je ne pas qui c’est et que je ne le saurai sûrement jamais.
Je me découvre comme un corps offert. Je règle mon souffle, je cambre mes reins, j’écarte bien mes cuisses. Je me fais baiser par un deuxième inconnu, pendant que je suce devant et que mes mains glissent sur des torses inconnus.
L’espace de la chambre se resserre, intime. Les odeurs, les souffles, les gémissements se mélangent. Une autre femme prend son plaisir à côté de moi. Comment est-elle ? Qui est-elle ? À combien de mètre ou de centimètres se trouve-t-elle ?.
Mes genoux s’ancrent dans un tapis dont je retiens le grain. Mes cheveux s’accrochent à un poignet, se coincent, qu’on libère doucement. Ce geste invisible devient un sourire que je devine.
Quel plaisir de ne pas savoir, de se laisser surprendre, je ne sais pas qui est à côté de moi, qui je suce, qui me baise, qui me touche mais ça m’excite énormément. Les premiers mecs éjaculent dans ma bouche. Est-ce que j’ai tout avalé ou est-ce qu’il y en a partout sur la banquette ou contre le mur. Je ne vois rien, personne ne voit rien. Est-ce que les inconnus savent que c’est moi qu’ils baisent ?
Mais là je suis exactement là où je dois être, au centre de de ces gestes anonymes.
Un mec se retire de ma chatte, je mouille, je suis trempée. Ma chatte dégoûline le long de mes jambes tellement l’excitation de ce moment est grande.
Dans cette obscurité totale, une voix prononce mon prénom. Adeline. Le mot flotte, me trouve, résonne en moi comme une clef dans une serrure. Je frissonne. Qui ? Tous ? Un seul ? Je ne le saurai pas, mais ce simple murmure ferme la boucle. On m’a vue sans me voir. J’adore ce mystère.
Peu à peu, les présences se dissipent. Les souffles s’éteignent, les pas retrouvent le couloir, les banquettes se taisent. Je remonte ma robe, je cherche la main de Vincent. Elle est là, familière. Nous sortons. La lumière tranche, la musique reprend. Je souris. J’ai encore sur la langue le goût de toutes les éjaculations, et mon plaisir coule le long de mes jambes.
Je remonte lentement. Le monde retrouve ses contours, un bar, des verres, des rires. Je croise des visages, je cherche des indices, un parfum, une odeur, un sourire complice, mais rien. Qui étaient-ils ? Combien de mains, combien de souffles mêlés aux miens ? Je ne le saurai pas. Et ce secret me ravit plus qu’il ne me frustre.
Dehors, l’air est frais. Ça fait du bien après ce moment chaud. Le chemin du retour est court. Je marche au bras de Vincent, dans un silence de tout ce qu’on pourrait dire mais qu’on garde pour savourer encore. Je pousse la porte, je laisse tomber mes souliers et je m’effondre sur le lit, la fatigue heureuse de mon corps. Quand je ferme les yeux, la chambre noire revient avec des souffles, des pressions, des chaleurs …
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