Quand j’ai commencé, en 2009, le porno amateur était encore une exception. À cette époque, le X en ligne balbutiait à peine. Les grosses productions dominaient, les vidéos maison restaient marginales, et filmer ses aventures avec de vrais inconnus relevait presque de la provocation.
Jacquie & Michel émergeait à peine. C’était l’un des premiers sites français à offrir une vitrine à ce nouveau courant. J’y ai posté mes premières vidéos dès 2009, comme une évidence. Mais très vite, j’ai voulu aller plus loin : créer mon propre espace, ma propre vitrine, indépendante.
C’est ainsi qu’est né mon premier site personnel, adeline.li, entièrement gratuit. J’y partageais mes vidéos, mes récits, mes envies. Sans filtre, sans barrière, sans chercher à vendre. À l’époque, c’était révolutionnaire. Aucune autre femme ne le faisait ainsi, seule, en totale autonomie.
Nous n’étions qu’une poignée à oser cette liberté. Il y avait Amantelilli, Elisaexhib, Missy Charme, Almanegra Sexy, Tania des Îles… et peut-être d’autres que j’oublie. Pardon de ne pas toutes vous citer. Les plus anciens parmi vous se souviennent sûrement de ces noms. On formait une véritable vieille garde du plaisir libre et assumé.
Avec mon site, mes vidéos, mes textes, j’avais construit un univers bien à moi. Je ne cherchais ni la célébrité ni l’argent — tout ce que je faisais, je l’offrais. Par passion, par jeu, par excitation. Et visiblement, ça a touché beaucoup d’entre vous !
Je vivais de vraies rencontres, avec de vrais amateurs. Sans script, sans acteur, sans calcul. Dans la rue, chez eux, chez moi, à l’improviste. C’était cru, spontané, sincère. Ce n’était pas pour ‘faire le buzz’ (ce mot n’existait même pas encore). On le faisait pour le frisson, pour le plaisir, pour la vérité. À l’époque, internet était libre, sauvage, et vous étiez déjà là. Merci.
En 2014, pour des raisons personnelles que je raconte dans mon livre Fais-le bien et laisse dire, j’ai mis tout ça entre parenthèses. J’ai quitté les réseaux, les vidéos, les publications. J’ai coupé. Pendant plusieurs années, j’ai regardé le monde évoluer sans moi, avant d’y revenir en 2019/2020 en changeant de vie et en déménageant en France. Et là, j’ai pris une claque.
QUAND LES CLICS TUE LE LIBERTINAGE
Le porno, le libertinage, internet. Après le Covid, ça a explosé. Des centaines, bientôt des milliers de femmes se sont lancées. Pourquoi? Parce qu’on avait du temps. Un smartphone, aucun vrai projet en sortant de l’école, ou juste une envie – parfois un besoin – d’exister à travers un écran. Certaines y ont vu une source de revenus, d’autres une montée de likes, une illusion de lumière. Je ne critique pas, je décris. Mais dans ce raz-de-marée numérique, une chose s’est perdue: le libertinage authentique.
LA GROSSE ARNAQUE
Aujourd’hui, le mot libertine est devenu un argument de vente. Il ne décrit plus une réalité vécue, mais une façade, un emballage séduisant pour attirer des abonnés. Dans 95 % des cas, les créatrices de contenu qui se revendiquent libertines ne le sont pas réellement. Elles utilisent ce mot pour faire fantasmer… alors que tout est contrôlé, cadré, scénarisé — souvent (ou toujours) avec leur mari ou leur compagnon.
Les vidéos dites “libertines” ne sont que des mises en scène tournées à deux, rejouées encore et encore. Ce n’est pas ça, le libertinage. Ce n’est pas ça, la liberté. Mais ce qui dérange le plus, ce n’est pas tant le jeu de rôle — après tout, chacun filme ce qu’il veut — c’est le manque de transparence, voire la manipulation.
On laisse croire qu’il s’agit de véritables inconnus. On entretient l’illusion que la femme rencontre des hommes différents, réels, spontanés. Tout est fait pour donner l’impression que la scène a été filmée sur le vif. Mais ce n’est qu’un scénario. Et derrière, il y a bien souvent une stratégie: créer du désir, promettre l’inaccessible, puis faire croire à l’abonné qu’il pourrait, lui aussi, y accéder moyennant un abonnement, un ticket acheté ou un show privé.
Certaines créatrices de contenu vont jusqu’à proposer des tirages au sort pour ‘gagner une rencontre libertine’ — mais les conditions sont floues, les promesses irréalistes, et au final, il ne se passe rien. On vend un fantasme qu’on n’a jamais eu l’intention de réaliser.
Et pendant ce temps, la plupart de ces profils ne sont même pas gérés par les créatrices elles-mêmes. Ce sont les maris, compagnons, community managers ou ‘brouteurs’ (arnaqueur en ligne qui joue sur le désir sexuel de ses victimes), qui animent les comptes, répondent aux messages, organisent les tournages, gèrent la logistique… et font des promesses à leur place, sans leur consentement direct. J’ai eu connaissance de situations où des femmes ont été mises en danger par ces dérives — parce que des abonnés, frustrés par des promesses non tenues, ont voulu ‘réclamer’ ce qu’ils pensaient avoir obtenu en s’abonnant.
Tout cela est à l’opposé du libertinage. Le libertinage, le vrai, est un espace de liberté, d’égalité, de sincérité. Une rencontre réelle, un plaisir partagé, une envie commune. Rien n’est vendu. Tout se vit.
Et heureusement, il reste une minorité — une petite poignée de femmes — qui continuent à le vivre ainsi. De manière authentique, consciente, respectueuse. Je pense à Amante Lilli, par exemple, et je m’y inclus aussi. Ce que je fais, je le fais pour de vrai. Pas pour appâter. Pas pour manipuler. Mais parce que j’aime ça, profondément, et parce que je suis réellement libertine, mais combien sommes-nous encore?
CE QUE JE FAIS, JE LE FAIS POUR DE VRAI
Chaque rencontre que je filme est réelle. C’est ma manière d’être claire, honnête, fidèle à ce que je suis. Rien n’est joué. Rien n’est maquillé. Je montre ce que je vis, tout simplement. Je tourne mes vidéos, je les monte, j’écris mes textes, je choisis mes mots, mes images, mes cadrages. Les vidéos solo? Je me filme seule. Les photos? Avec l’autodéclencheur. Les récits, les newsletters, le blog, les teasers: tout est fait maison, avec patience et passion.
Je ne prétends pas faire mieux que les autres — je fais juste les choses à ma manière. Et surtout, je les fais moi-même. Vincent, mon compagnon depuis bientôt 28 ans, est mon appui. Il m’aide dans tout ce que je ne maîtrise pas: les aspects techniques, l’organisation, la logistique. Il est là, en coulisses, mais jamais pour décider à ma place. Il n’est ni mon manager, ni ma voix, encore moins un intermédiaire. Nous formons un vrai duo, respectueux, solidaire. Et ça, c’est précieux.
Ce retour dans le X, je ne l’avais pas prémédité. Je ne savais pas ce que cela allait impliquer. Si je l’avais su, j’aurais peut-être hésité. Mais j’ai suivi l’élan du cœur, et je ne le regrette pas. Parce que ce que je vis aujourd’hui est riche, vrai, vibrant et ce qui compte, c’est que je me sente libre, inspirée, connectée. Je fais ce que j’aime, je le fais pleinement, et je le fais avec vous.
Merci à celles et ceux qui sont là depuis le tout début — 2009, ou même avant. Vous m’avez vu évoluer, vous m’avez accompagnée dans le silence ou les mots. Vous avez été témoins de mes choix, de mon retrait, de mon retour. Votre fidélité me touche profondément.
Merci aussi à vous, les nouveaux venus, qui m’avez découverte à travers mes textes, mes vidéos, mes images. Vous avez su lire entre les lignes, voir au-delà du corps, ressentir ce que je cherche à transmettre.
Le lien que nous partageons, ce n’est pas juste du contenu. C’est une aventure. Sensuelle, humaine, simple. Une vibration entre vos envies… et les miennes. Alors oui, Merci. Merci d’être là. Merci d’exister. Merci de faire vivre cette histoire à mes côtés. Et maintenant?
Que l’aventure continue, plus libre, plus sincère et plus vivante que jamais!
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