Avec mes 27 ans d’expérience dans la sexualité et le libertinage, je suis là pour t’aider à y voir plus clair — sans tabou, et toujours dans la discrétion.
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‘Adeline, est-ce que retirer un préservatif sans prévenir, même si le rapport était consenti au départ, c’est une forme de violence ?‘.
J’ai reçu cette question d’une femme qui m’a écrit récemment. Elle m’expliquait qu’un partenaire, avec qui elle avait accepté un rapport protégé, avait retiré le préservatif en cours d’acte sans lui dire. Elle ne savait pas quoi penser; Était-ce ‘juste’ un manque de respect, une maladresse, ou quelque chose de beaucoup plus grave ?
Cette situation porte un nom, le stealthing, et c’est une violation du consentement, avec des conséquences sérieuses sur la santé, le corps et la confiance.
Dans cet article, je vous accompagne pour comprendre ce qu’est le stealthing, pourquoi c’est dangereux, et comment réagir si cela arrive.
QU'EST-CE QUE LE STEALTHING ?
Le stealthing désigne le fait de retirer ou d’altérer volontairement un préservatif pendant un rapport sexuel sans en informer l’autre personne. Cela peut être le retirer en douce, le déchirer intentionnellement ou le mettre mal pour qu’il glisse facilement. Dans tous les cas, la personne qui subit cet acte n’a jamais consenti à un rapport non protégé.
Même si le rapport a commencé avec consentement, le consentement ne couvre pas une modification des conditions du rapport. Dire ‘oui’ à un rapport protégé ne signifie jamais dire ‘oui’ à un rapport non protégé.
POURQUOI EST-CE UNE FORME DE VIOL(ENCE) ?
Le stealthing touche directement à l’intimité, à l’intégrité et à la confiance. Quand quelqu’un décide, sans prévenir, d’enlever le préservatif, il impose une autre forme de rapport. Il change les règles, et il le fait sans l’accord de l’autre. C’est une violation du corps, du consentement et de la liberté de choisir.
Pour beaucoup de femmes, le stealthing laisse un bouleversement profond comme le sentiment d’avoir été trompée, utilisée, dépossédée de son droit de décider. Cette réaction est normale, parce que ce geste n’est jamais anodin.
LES RISQUES POUR LA SANTÉ
Lorsqu’un préservatif est retiré sans accord, le corps est exposé à des risques que la personne n’avait pas choisis.
Il existe un risque de transmission d’infections sexuellement transmissibles comme le VIH, la chlamydia, la gonorrhée, l’herpès ou la syphilis. Certaines infections peuvent se transmettre en un seul contact et provoquer des complications si elles ne sont pas dépistées rapidement. Il existe aussi un risque de grossesse non désirée, surtout si l’on découvre l’acte trop tard pour prendre une contraception d’urgence.
Ce type d’agression peut entraîner plusieurs semaines d’attente anxieuse: tests, contrôles médicaux, incertitudes… Une charge mentale et émotionnelle souvent difficile à porter seule.
LES CONSÉQUENCES PSYCHOLOGIQUES
Beaucoup de femmes racontent un mélange de colère, de honte, de dégoût, ou de culpabilité. Parfois, elles se demandent même si elles exagèrent, mais NON le stealthing peut provoquer un véritable traumatisme.
C’est une rupture de confiance, une intrusion dans l’intimité et une atteinte au sentiment de sécurité. Certaines femmes deviennent plus méfiantes, d’autres perdent confiance en leurs choix ou en leurs partenaires. D’autres encore éprouvent des difficultés à retrouver une sexualité sereine.
Il est essentiel de rappeler que la victime n’est jamais responsable.
LE CADRE LÉGAL
Dans plusieurs pays, le stealthing est officiellement reconnu comme une agression sexuelle, parfois même assimilée à un viol lorsqu’il y a pénétration sans consentement aux conditions exactes de l’acte.
En France, la justice a déjà statué dans ce sens: retirer un préservatif sans accord peut constituer une infraction pénale, car la personne n’a jamais consenti à un rapport non protégé.
Ce qui compte, ce n’est pas l’intention du partenaire, mais le fait que le consentement a été trahi.
COMMENT SE PROTÉGER ?
Protéger son corps commence par protéger sa parole et ses limites. Il est utile d’exprimer clairement, avant toute relation sexuelle, que le rapport n’aura lieu qu’avec préservatif et que le retirer ou le manipuler met fin immédiatement à la relation.
Pendant l’acte, certaines femmes choisissent de vérifier discrètement que le préservatif est toujours en place. Ce n’est pas une méfiance excessive, c’est une manière de reprendre du pouvoir sur sa sécurité.
Se protéger, c’est aussi se rappeler que l’on a toujours le droit de dire non, de mettre fin à un rapport, ou de partir si quelque chose ne semble pas clair ou respectueux.
QUE FAIRE SI CELA ARRIVE ?
Si vous pensez avoir été victime de stealthing, plusieurs choix s’offrent à vous, et vous avez le droit de décider ce qui vous correspond.
Vous pouvez consulter rapidement un médecin ou un centre de dépistage pour faire les tests nécessaires et, si besoin, accéder aux traitements préventifs contre le VIH dans les 48 heures. Il est possible de rencontrer une sage-femme ou un médecin pour parler contraception d’urgence si cela concerne votre situation.
Sur le plan émotionnel, il peut être précieux de se confier à quelqu’un comme un professionnel de santé, une psychologue, une association d’aide aux victimes. Parfois, mettre des mots aide à reprendre son souffle.
Si vous souhaitez déposer plainte, vous pouvez le faire. Vous pouvez aussi demander des conseils juridiques avant de vous lancer. Rien n’est obligatoire. Chaque femme avance à son rythme.
EN RÉSUMÉ
Le stealthing n’est pas une maladresse, ni une simple transgression. C’est une violation du consentement, une forme de violence sexuelle qui peut entraîner des risques pour la santé et un traumatisme émotionnel. Aucune femme ne mérite d’être trompée ou mise en danger.
Le respect du corps et du consentement n’a jamais à être négocié.
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