Elle passe la porte de mon appartement avec ce soupir qui en dit long. Ses épaules sont tombantes, ses cheveux un peu défaits, son sourire fatigué. Je sais qu’elle a passé la journée debout, à courir d’un client à l’autre, et qu’elle n’a qu’une envie, se détendre. Je lui tends un verre d’eau, elle boit à petites gorgées, puis s’installe sur le canapé, les pieds déjà nus, comme si son corps ne voulait plus attendre.
Je lui propose un massage. Elle me lance un regard amusé, presque sceptique, puis accepte avec un sourire. Je prends la petite bouteille d’huile posée sur la table. Elle est tiède, et mes paumes s’en enduisent dans un parfum léger, fleuri, qui flotte bientôt dans toute la pièce. La lumière est douce, le silence paisible. Tout s’installe naturellement.
Je prends ses pieds dans mes mains. Sa peau est chaude, tendue, ses muscles fermes. Je presse doucement, j’étire, je remonte vers ses chevilles. Elle ferme les yeux, ses traits se détendent peu à peu. Sa respiration devient plus lente, plus profonde. Chaque soupir qu’elle laisse échapper est comme une confidence muette. Je prends mon temps, je m’applique à dénouer chaque tension. L’huile fait briller sa peau, mes gestes glissent, fluides, comme une danse silencieuse entre nous.
Elle se laisse aller. Son corps s’abandonne à mes mains, mais je sens que quelque chose change. Ses pieds se mettent à bouger, à jouer. Au début, ce ne sont que de petits frôlements, sur mes bras, sur mes cuisses. Puis l’un d’eux s’attarde plus haut, effleure ma poitrine. Je retiens mon souffle, surprise. Elle entrouvre les yeux, m’adresse un sourire malicieux. Elle sait exactement ce qu’elle fait.
Elle recommence, plus franchement. Ses orteils glissent sur ma poitrine, appuient légèrement, comme pour tester ma réaction. Mes tétons se dressent aussitôt sous la caresse insolite, et je sens un frisson parcourir tout mon corps. Elle rit doucement en voyant mon trouble. Je laisse échapper un petit rire moi aussi, mais je ne l’arrête pas. Au contraire, je m’offre à ce jeu inattendu.
Ses pieds descendent, explorent. Ils suivent les contours de mon ventre, s’approchent dangereusement de mes cuisses. Je ferme les yeux, je respire plus fort. Mon corps répond avant même ma volonté. Mes jambes s’écartent un peu, comme pour l’inviter. Elle ose davantage. Ses orteils effleurent, taquinent, pressent juste assez pour faire naître en moi une chaleur immédiate. Mon ventre se contracte, ma peau brûle.
Nous rions de cette folie, mais nos rires se mêlent à des soupirs, à des gémissements retenus. Ce n’est plus seulement un jeu, c’est un délire sensuel, une improvisation totale. Elle s’amuse de me voir réagir, de sentir mon corps vibrer sous ses pieds. Moi, je m’abandonne, je me laisse emporter par cette audace que je n’aurais jamais imaginée venant d’elle.
Elle est déchaînée ce soir, imprévisible. Chaque geste est plus osé que le précédent. Son pied se fait insistant, glisse contre moi avec une sensualité nouvelle. Je me cambre, je laisse échapper un soupir qui se transforme en rire. Le mélange est étrange, délicieux, entre l’intensité et l’absurde, entre le plaisir et le jeu. Je sens mon corps trembler, s’échauffer, répondre à chacun de ses mouvements.
Je jouis presque par surprise, emportée par cette improvisation délirante. Mon corps se libère dans un éclat de rire, mes muscles se relâchent, et nous nous retrouvons toutes les deux hilares, secouées par ce mélange improbable de plaisir et de folie. Le salon résonne de nos rires clairs, comme si nous venions de faire une bêtise partagée.
Puis vient le silence. Pas un silence gêné, mais complice, léger. Nos regards se croisent, brillants, encore étonnés de nous-mêmes. Nous savons toutes les deux que rien n’était prémédité, que tout est né de l’instant. C’était fou, irréel, presque magique.
Et je te le jure ma voisine est vraiment ma voisine, pas libertine, pas sur les réseaux, pas habituée à ce genre de jeux. Elle a juste suivi le délire du moment, par amitié.